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Contexte économique en Loir-et-Cher (analyse réalisée par l’Observatoire de l’économie et des territoires) – novembre 2025

Contexte économique en Loir-et-Cher (analyse réalisée par l’Observatoire de l’économie et des territoires) - novembre 2025

Publication
Département
Loir-et-Cher
Décembre 2025

Novembre 2025

L’économie mondiale évolue dans un climat d’incertitude marqué par les tensions géopolitiques et commerciales. Les décisions américaines sur les droits de douane, ainsi que les tensions au Moyen-Orient, accentuent l’instabilité. Ces facteurs freinent la croissance et maintiennent un environnement économique imprévisible. Les perspectives mondiales sont revues à la baisse par rapport aux prévisions de printemps : la croissance mondiale atteindrait + 3,0 % en 2025. En France, le contexte reste marqué par les inquiétudes politiques et économiques, mais le pays continue à afficher une résilience relative.

Le Produit Intérieur Brut (PIB) français devrait croître de 0,8 % sur l’ensemble de l’année 2025, prolongeant le léger rebond observé à la fin de 2024. Cette croissance tenue repose sur quelques branches dynamiques telles que le tourisme, l’industrie aéronautique, ainsi que l’immobilier, mais qui ne doit pas faire oublier la faible dynamique à l’œuvre. Cependant, la consommation des ménages (moteur traditionnel de l’économie) demeure peu vigoureuse, la population préférant augmenter son taux d’épargne malgré un pouvoir d’achat en hausse. ​L’investissement des entreprises reste en retrait, et l’industrie française continue, globalement, à perdre des parts de marché à l’extérieur (incertitudes internationales et rentabilité jugée insuffisante dans certains secteurs).

Au deuxième trimestre 2025, l’emploi salarié a surpris à la hausse (+ 52 000 emplois) malgré un environnement globalement modéré. Le taux de chômage demeure relativement stable, autour de 7,3 % au deuxième trimestre pour la France métropolitaine, et pourrait légèrement progresser en fin d’année selon les projections officielles. L’emploi se redresse surtout dans le tertiaire marchand et l’intérim, mais la baisse se poursuit dans l’industrie et la construction. La politique d’alternance, particulièrement dans l’enseignement supérieur, pourrait voir un ralentissement en fin d’année, du fait d’un durcissement attendu des politiques d’emploi.

L’économie locale suit les mêmes tendances ; la situation du Loir-et-Cher est mitigée. Certains indicateurs semblent bien orientés mais d’autres, plus contrastés, appellent à la vigilance.

Selon les enquêtes récentes menées localement auprès des entreprises, tant artisanales que relevant de la Chambre de commerce et d’industrie, le moral des dirigeants se trouve entaché par les nombreux défis auxquels ils sont confrontés actuellement. Ce sentiment est particulièrement présent auprès des artisans de notre territoire (principalement dans les métiers de l’Alimentation et du Bâtiment) pour qui les incertitudes du marché compliquent le pilotage de leur établissement. La majorité des entreprises indique un maintien ou un accroissement de leur chiffre d’affaires, cependant cette proportion reste inférieure à celle observée les années précédentes. Les prévisions d’activité sont en nette baisse par rapport à celles constatées un an plus tôt. Comme l’an passé, la pérennité de leurs établissements et le maintien de leurs équipes demeurent leur priorité d’autant que certains secteurs ont des besoins de main d’œuvre, notamment dans l’industrie et la construction, ou encore dans les métiers de l’alimentation.

La lecture des derniers indicateurs chiffrés montre, de manière générale, que les cas de difficultés financières seraient relativement peu nombreux, comme en atteste le faible volume des cotisations sociales en retard de règlement (en juin). Toutefois, les défaillances d’entreprises ne cessent de se multiplier, se rapprochant inexorablement des tristes records atteints fin 2015.

Les rendements agricoles en Loir-et-Cher ont retrouvé la normale en 2025, après une année 2024 très défavorable. Toutefois, il existe une hétérogénéité territoriale. Si les rendements sont plutôt satisfaisants, les prix quant à eux ont fortement baissé et peinent à couvrir les coûts de production, fragilisant ainsi les exploitations céréalières sur le plan économique et financier. La campagne de vendanges révèle un bon millésime en termes de qualité. La production laitière est dans une période plutôt faste, même si quelques signaux faibles apparaissent tels que la baisse du prix du beurre.

L’année 2025 s’oriente vers une dynamique touristique globalement positive pour le Loir-et-Cher, s’inscrivant dans la continuité de 2024 avec une légère progression. Cette tendance demeure toutefois contrastée selon les segments d’activité.

De janvier à septembre 2025, les principaux sites du panel départemental enregistrent une hausse globale de 3,9 %, portée notamment par l’excellente dynamique du Domaine national de Chambord et le net rebond de Chaumont-sur-Loire. Dans un contexte régional marqué par une baisse généralisée, la fréquentation hôtelière du Loir-et-Cher enregistre, de janvier à septembre, un léger repli de 1,1 % par rapport à 2024, principalement lié au recul de la clientèle française malgré une progression modérée de la clientèle étrangère. Après une phase de rattrapage exceptionnelle post-Covid, les établissements de plein air poursuivent une croissance plus mesurée (+ 1,3 %) et se stabilisent à un niveau historiquement élevé. Les gîtes et chambres d’hôtes labellisés Gîtes de France en service de réservation affichent un très léger recul des nuitées (- 0,9 %), avec une clientèle française stable mais une nette diminution de la clientèle étrangère. Enfin, l’offre des plateformes locatives (Airbnb, VRBO, Booking) progresse faiblement (+ 2 %) après plusieurs années de forte croissance, tandis que les nuitées progressent légèrement (+ 4 %), le taux d’occupation demeurant quasi stable.

Après une forte dégradation sur les trois derniers trimestres 2024, la situation de l’emploi salarié privé dans le Loir-et-Cher semble se stabiliser depuis le début de l’année 2025. La tendance reste défavorable sur un an avec une baisse de 1,1 %, plus marquée qu’au niveau régional et national (- 0,1 %).

Les disparités territoriales se creusent au sein du département. La zone d’emploi de Vendôme affiche une évolution positive (+ 1,2 % en rythme annuel) alors que les effectifs de celles de Romorantin-Lanthenay et de Blois se réduisent respectivement de 0,8 et 2,0 % sur la même période. Tout comme le niveau national, l’intérim, bien que stable ce trimestre, reste le secteur le plus en retrait en évolution annuelle (- 6,7 %). La construction est mal orientée également (-240 salariés, soit – 3,2 % sur un an), suivant une tendance baissière plus marquée qu’au niveau national (- 1,7 %). Les effectifs sont stables dans le secteur des autres services ce trimestre mais sont en recul de 1,3 % sur un an, particulièrement dans les activités de services administratifs et de soutien (- 550 postes). L’industrie reste bien orientée sur un an (+ 0,3 %) grâce au dynamisme de l’industrie agroalimentaire (+ 140 postes). La restauration hébergement se porte bien également (+ 1,5 % sur un an), suivant la tendance nationale (+ 1,7 %).

Le taux de chômage dans le Loir-et-Cher est de 6,3 % au deuxième trimestre 2025, ce qui en fait le taux le plus bas des départements de la région Centre-Val de Loire. Ce taux reste stable sur le trimestre, bien qu’il ait augmenté de 0,3 point sur un an, s’inscrivant dans la tendance observée à l’échelle nationale. La situation diffère d’une zone d’emploi à l’autre, elle est un peu moins favorable dans celle de Romorantin-Lanthenay (6,6 %) mais les évolutions sur un an sont identiques selon les zones.

Au troisième trimestre 2025, le nombre moyen d’inscrits à France Travail ne relevant ni d’une attente d’orientation ni d’un parcours social s’établit à 26 920 personnes (catégories A, B, C, D, E) en Loir-et-Cher. Parmi les catégories créées en janvier dernier, 853 personnes sont inscrites en parcours social (catégorie F) et 4 940 en attente d’orientation par le service public de l’emploi (catégorie G).

Sur la même période, le nombre de demandeurs d’emploi soumis à l’obligation de recherche active (catégories A, B, C) atteint 23 870, en progression de 5,3 % sur un an. Cette hausse affectant particulièrement les demandeurs inscrits depuis plus d’un an (+ 7,3 %).

Parmi ces personnes en quête d’emploi, 11 990 sont sans travail (catégorie A) et 11 880 exercent une activité réduite (catégories B et C), soit des hausses respectives de 8,1 % et 2,7 % sur un an.

La création d’entreprises connaît une dynamique positive, avec une hausse aussi bien pour les micro-entrepreneurs que pour les entreprises classiques. Ces indicateurs reflètent une économie locale qui se diversifie, mais dont certains secteurs restent exposés aux aléas conjoncturels. Bien que les mises en chantier de logements affichent un certain dynamisme (+ 20,4 % en un an, à fin septembre 2025), le nombre d’autorisations délivrées marque le pas, diminuant d’autant sur la même période.

Les répercussions sur le nombre d’allocataires du RSA commencent à être visibles. Ainsi au 30 juin 2025 selon les dernières données provisoires communiquées par la Cnaf et la MSA, 7 700 foyers allocataires sont comptabilisés en Loir-et-Cher soit une hausse de 4,3 % en 1 an (supérieure à celles constatées en Centre-Val de Loire : + 3,5 % et en France : + 1,1 %). Les ménages fragiles semblent toutefois rencontrer davantage de difficultés. Le taux de pauvreté atteint son record depuis 2015 : 13,2 % de la population en 2021 (dernier chiffre disponible), mais il demeure sensiblement inférieur au ratio national (15,4 % en 2023). Le nombre d’allocataires CAF à bas revenus est également à son plus haut niveau depuis 5 ans : près de 18 700 ménages loir-et-chériens sont concernés fin décembre 2024. Enfin, le nombre de ménages surendettés recule au 3ème trimestre 2025 en Loir-et-Cher, le cumul sur les 12 derniers mois affiche cependant une hausse de 14,2 %, nettement plus prononcée qu’en région Centre-Val de Loire ou en France.

Le Loir-et-Cher affiche une situation conjoncturelle stable, voire un peu plus favorable que d’autres départements de la région, grâce à un taux de chômage inférieur à la moyenne et une vitalité entrepreneuriale. Néanmoins des fragilités demeurent, notamment dans les secteurs : agricole, de l’intérim ou la construction neuve. Les besoins de main d’œuvre toujours très présents, la crainte de licenciements et l’augmentation du nombre de ménages en situation de précarité appellent une vigilance particulière.